Abstract: |
C'est dans le cadre de l'accroissement continu des mobilités caractérisant notre ère que nous sommes aujourd'hui confrontés aux multiples aspects des différentes cultures que nous embrassons. Parmi ces éléments constitutifs du répertoire culturel d'une communauté donnée, se trouvent les émotions, organisées selon des modalités d'expression spécifiques. Leur étude s'est ainsi révélée dans le paysage anthropologique comme un outil à la fois novateur et pertinent à la compréhension du développement des liens sociaux et des pratiques culturelles qui les accompagnent. Aussi cette recherche se situe-t-elle ainsi dans le sillage d'une anthropologie du sensible ou anthropologie modale, interrogeant les émotions dans leur dimension socioculturelle : comme ressenties, exprimées, partagées et négociées, c'est à dire comme objets centraux des dynamiques interactionnelles que supposent les mobilités et les logiques interculturelles qui en découlent. C'est ainsi que ce mémoire s'attache à comprendre, à travers le cas de la diaspora danoise en France, comment s'opère la relocalisation et la reformulation des codes régissant l'expression émotionnelle dans le cadre de la rencontre entre deux cultures affectives différentes. Il s'agit donc d'étudier, à partir du discours et des données du terrain, la formation d'une communauté danoise dans un contexte migratoire et autour d'un régime émotionnel donné, et régi par un ensemble de règles implicites dans le but d'atteindre un certain consensus social. Nous verrons alors dans quelle mesure des modalités de libération de ces catégories émotives sont déployées à l'encontre de la culture affective Française, afin d'aborder enfin l'hypothèse d'une négociation de ce régime. |